Fenêtre ouverte sur ma vie

Je vous ai déjà parlé de mon petit havre de paix? Notre chambre à coucher surplombe le grand salon et la lumière qui y pénètre est incroyable. L'hiver, on y entend les crépitements du poêle à bois en bas et la lueur du feu colore la chambre. L'été, ce sont les criquets et les coyotes... et les voitures aussi...



Les photos qui suivent sont un peu moches à cause des reflets des fenêtres et de la mauvaise lumière, mais je voulais vous donner une idée de ce que j'aperçois des fenêtres de ma chambre, où je m'assois au moins trois fois par jour pour réfléchir et méditer... pour prendre un peu de recul sur ma vie... ou est-ce plutôt un peu plus de présence?

Le matin, parfois même avant que Jules, notre coq, se réveille (et me réveille...), je m'installe à la fenêtre. Les tourterelles tristes chantent déjà. Les chevreuils retournent dans les bois... Je me réveille doucement dans le silence de l'aube.

Pendant la sieste, Mathilde et moi nous installons dans la grande chaise. Il y a tant à voir! Les hommes qui travaillent sur la grange, les poules qui profitent d'une accalmie dans le carré de sable pour y prendre un bain, la famille de Jaseurs des cèdres qui s'est installée dans nos cabanes, papa qui travaille dans le jardin, Frisée qui broute plus loin dans son champ...




Puis, le soir, quand les fées dorment enfin, je m'assois à la fenêtre et j'observe notre terrain de jeu quotidien. Dénudé de ces habitants, il a une tout autre allure... Il y a bien les canards qui sont sortis, rassurés de savoir que les enfants sont au lit et qu'ils ne se feront pas pourchasser, et ils se dandinent sous mes yeux.

Les images de la journée me reviennent à l'esprit. La ligne d'horizon me ramène à moi-même, à ces moments difficiles où je perds patience plus que je le souhaiterais, à ce qui aurait pu être fait différemment, à ce qui n'aurait pas dû être dit... Mais aussi aux éclats de rire, aux regards pleins d'amour, à la vie que nous partageons sur ce petit coin de terre... malgré tout ce qu'il y a à faire, les inquiétudes, les larmes, quand je regarde au loin, je me sens pleine d'un bonheur indescriptible, d'un sentiment de gratitude incroyable...



Et tandis que j'écris ces lignes, JF vaporise notre première préparation biodynamique dans le jardin à la lumière du soleil couchant. Oui, décidément, je vis mon rêve.