Ce week-end, nous faisions une escapade à Montréal pour célébrer nos 12 ans de vie amoureuse! 12 ans!! Wow! Il s'en est passé des choses dans notre vie en 12 ans!
Comme des gamins, nous étions tout excités de parcourir les kilomètres qui nous séparaient de la métropole au volant de MON West, mon premier véhicule juste à moi!! Un incroyable cadeau de mon papa.
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Nous sommes tellement contents d'avoir ce West que nous comptions même dormir dedans à Montréal, mais avec la température annoncée et comme JF venait de dénicher un sympathique B&B, nous avons remis notre première nuit de camping à un peu plus tard.
Au coeur de Verdun, tout près de la piste cyclable au bord de l'eau est sis
Le Terra Nostra. Quel bel endroit! Nous avons aussitôt été charmé par l'authenticité et le charisme de la propriétaire et le cachet des lieux!
Photo tirée du site Web du Terra NostraNous n'avons pas non plus été déçu du
menu déjeuner qui nous avait attiré. En plus, la propriétaire est sensibilisée aux réalités alimentaires différentes (sans gluten, végétalien, Halal, etc.). En plus, l'endroit présente des œuvres d'art d'ici et d'ailleurs qui ne laissent pas indifférents.
Photo tirée du site Web du Terra Nostra
:: Je suis d'ailleurs tombée amoureuse de ce superbe collier. ::Aussitôt nos valises déposées, nous nous sommes empressés de filer sur St-Denis profiter des derniers rayons de soleil de la journée. Dès que j'ai poussé la porte du métro, la bourrasque à l'odeur unique du métro de Montréal a fait remonté en moi une vague de souvenirs aussi inattendus qu'intenses... Le crissement des rails du métro qui entre en station, les regards fuyants des gens qui se toisent sans vraiment se voir, l'air blasé du vendredi des gens qui rentrent chez eux...
Je regarde la carte des stations et une autre vague de souvenirs m'envahit... Côte-Ste-Catherine : mon premier appart à Montréal, la réalité de me sentir une minorité visible dans ma propre province, le petit épicier grec qui vendait le meilleur féta que j'avais goûté dans ma vie à un prix dérisoire... Vendôme : le club de photo dont je faisais partie et où je faisais drôlement baisser la moyenne d'âge... Préfontaine : l'escalade chez Horizon Roc... Guy-Concordia : combien de fois y suis-je descendue pour me rendre à mes cours de traduction? Peel : notre premier appart à JF et moi... On y descend pour souper et mes pieds me guident vers la sortie à prendre sans que mon esprit en ait même conscience... Place-des-arts : les cours de danse aux Ateliers de danse moderne, le côté tellement individuel, je m'y sentais si seule... Berri : mon premier emploi à Montréal à la boutique de plein air l'Aventurier où j'ai passé de belles années...
Côte-Vertu : mon accident dans le métro, les gens qui sortent du wagon sans m'aider à me relever malgré mes cris de douleur, l'ambulance... mais aussi, mon premier emploi dans le West Island, en tant que rédactrice en chef d'une revue médicale à 21 ans... et le stress et le climat de travail malsain et abusif qui ont eu raison de ma santé mentale... Lionel-Groulx : la terrible dépression qui m'assaillait dans ce petit apart à deux pas du Marché Atwater... les balades le soir le long du canal Lachine avec notre gros St-Bernard... Bonaventure : mon premier poste dans une grosse entreprise, chez IBM dans une grande tour de Montréal, les tailleurs 3 pièces, la carte-photo au cou, les cubicules... l'envie de mourir... c'est ça la vie d'adulte? Vraiment? Je n'en pouvais plus de cette vie insensée... Un soir, après le travail, je descendais dans l'interminable escalier roulant vers le métro, décidée à mettre fin à un an et demi de souffrance étouffante que rien ne soulageait... puis, dans l'escalier qui montait, une petite fille aux cheveux bruns bouclés qui avait peut-être 4 ans me fixait intensément de ses yeux noirs. Quand nous nous sommes croisées, j'ai eu le sentiment très intense que c'était ma fille, celle que j'aurais avec JF plus tard... nos regards sont restés accrochés l'un à l'autre jusqu'à ce qu'elle disparaisse en haut de l'escalier... et je me suis mise à pleurer, à pleurer au bord de la rame de métro, à pleurer pour noyer cette souffrance injuste qui m'empêchait de goûter le bonheur de la relation que je vivais avec JF, et avec ma famille aussi... Je n'ai jamais oublié ce regard, car quand je regarde dans les yeux de mes filles, je le vois encore...
:: Virée sur Mont-Royal pour faire un saut chez Kali, une boutique que j'adore. ::Mis à part les iPhones omniprésents et les panneaux d'affichage électronique, rien ne semblait avoir changé dans les sous-terrains de la métropole...
Au retour, en descendant les marches à vive allure en entendant notre métro arriver, je rigole en remarquant le mouvement de la peau flasque de mon ventre qui a porté des jumelles et une autre petite fille peu de temps après, au Yukon, bien loin de cette ville où j'ai tant souffert... cette légerté qui m'habite, ce mal-être qui ne m'alourdit plus... L'anxiété qui ne m'envahit plus quand les portes du métro se referment sur moi, dans la foule bigarrée... Oui, certaines choses ont changé depuis 12 ans... Et je prendrai volontiers les marques de la maternité sur mon corps contre cette terrible souffrance qui me grugeait de l'intérieur...
Ce week-end, ça m'a fait tout drôle de juxtaposer passé et présent et de constater qu'il reste encore un peu de nous dans les rues de Montréal...